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La neutralité #winckler

Cette semaine, j’ai assisté à un conférence de Martin Winckler dans un amphi de « la faculté catholique de médecine de Lille » (amusant non ?). Le thème était celui du choix du patient, comment présenter nos options thérapeutiques pour que le patient fasse son propre choix.

Complètement synchro avec les derniers billets de Jaddo et la Perruche Automnale qui m’ont touché.

J’étais un peu inquiet quant au fait que la conférence soit un peu plan-plan comme c’est trop souvent le cas lorsqu’un Grand Comité d’Ethique organise quelque chose (et je n’ai d’ailleurs strictement rien compris aux trois phrases d’introduction du comité invitant). Heureusement, le discours de Martin Winckler était facile à comprendre, pratique, et les choses se sont encore améliorées lorsque le jeu des questions/réponses a démarré.

Pardonnez moi de rester analytique avec un tel sujet mais pour ma pratique je retiens quelques grandes idées qui vont changer mon attitude :

  • plus de neutralité, je dois mettre mes valeurs de côté
  • lorsque le patient me dit qu’il ne sait pas ce qu’il veut, je dois surtout chercher à savoir ce qu’il ne veut pas ! (< le truc le plus malin que j’ai appris)
  • apprendre à décrypter les demandes sous-jacentes lorsqu’une demande nous surprend
  • laisser tomber les injonctions, les « il faut que », probablement préférer des phrases du style « j’aimerais que vous réfléchissiez au rôle du tabac dans votre état de santé »
  • cibler ma réponse sur la demande du patient, ne pas chercher à régler un autre problème qui me saute aux yeux, surtout si j’en profite pour étaler ma science
  • nos pratiques sont super variables et c’est sûr que certaines spécialités (comme la mienne !) laissent moins de place que d’autres au choix du patient (une AG c’est une AG quoi !)
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Les choix des patients

Je viens de vivre une nouvelle expérience de dialogue médecin-patient.

Je débute ma garde dans notre secteur de soins intensifs post-opératoire avec les transmissions. Un collègue anesthésiste m’explique la situation difficile d’une patiente tétraplégique qui vient de bénéficier d’une chirurgie abdominale complexe. L’évolution est malheureusement compliquée d’un sepsis et une candidémie est mise en évidence dans les dernières heures. Pas (encore) d’endocardite vue en écho.

Au pas de la chambre, mon collègue et moi jugeons bon de changer  la voie veineuse centrale qui est en place depuis une semaine environ.

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Brève de couloir…

Semaine d’astreinte. Dimanche après-midi, je reviens pour (re)faire le tour aux soins intensifs et soins continus avec l’interne de garde puis enchaîner sur mes visites préanesthésiques (ouch ! 11 entrées pour demain)

En passant devant la petite cafèt de l’hôpital, juste après la cour des miracles, j’aperçois tout sourire une patiente qui nous a tracassé toute la semaine. C’est une jeune patiente d’environ 25 ans, obèse, qui vient de faire une pancréatite biliaire. Prise en charge tôt, les chirurgiens lui ont fait sauter sa vésicule biliaire. Non sans mal pour nous… patiente difficile, dans ses antécédents on note un syndrome douloureux chronique mal étiqueté , encore un mal qui ne dit pas son nom. Elle est droguée par je ne sais combien de lignes d’analgésiques et d’anxiolytiques mais je n’ai pas l’impression qu’un médecin ou un soignant est finalement réussi à lui tirer les vers du nez… Bref, c’était compliqué. Chaque contrôle biologique ou perfusion était une bagarre intense (et quand il faut tourner dans 5 services différents, une patiente comme ça, on les adore). Elle refusait les actes infirmiers et exigeait à chaque fois la présence d’un médecin, elle a refusé la belle perfusion pratique qu’on lui proposait… Au début de la semaine je me disais : « très bien, voilà la Médecine 2.0 avec le patient qui devient plus acteur dans ses choix thérapeutiques »… mais il faut avouer qu’à la fin de la semaine j’en avais vraiment plein les bottes.

Heureusement l’évolution a été rapidement favorable : elle sort aujourd’hui. Elle sort avec un joli paquet de viennoiseries sous le bras, encore un beau succès thérapeutique !