Je viens de finir la lecture du livre Digital Minimalism de Cal Newport. Ça fait des années que j’observe l’impact des réseaux sociaux et des smartphones sur nos vies et surtout sur la mienne. On peut dire tout ce qu’on veut, ces trucs là ont changé la façon dont on fonctionne depuis 15 ans.
Un peu comme avec des optimisations alimentaires que je mets sur le tapis régulièrement, ma consommation de téléphone me préoccupe. Je ne pense pas psychose autour de ça, je ne réclame de digital détox, je ne me sens pas en burn-out à cause de mon abus de téléphone mais je sais que ça a un impact sur moi et que je peux m’organiser pour en tirer des bonnes choses et diminuer les excès. Je me souviens de l’arrivée de Facebook dans ma vie vers 2007, et comment on trouvait cool ce truc de pouvoir mettre autant de photos qu’on voulait en ligne GRATOS. C’était pour mon groupe de copains parachutistes un excellent moyen de prolonger le we de sauts et d’enchainer private jokes sur private jokes avec telle ou telle vidéo de saut foiré. C’était vraiment fun mais j’étais loin d’imaginer que je nourrissais une machine à marketing ultra ciblé…
Cal Newport a mené l’enquête autour de ce sujet et il a mis en forme pas mal d’idées intéressantes et tout à fait accessible en anglais dans le texte.
La première partie du livre est dans la ligne droite du documentaire Netflix « Social Dilemma » : la lutte avec les boîtes qui créent des apps pour nos téléphones n’est pas une lutte à armes égales. Ces sociétés luttent pour notre attention avec des outils de marketing, de psychologie et d’ingénierie sociale qui tendent à nous lobotomiser, à dégainer nos téléphones par réflexe et à scroller sans qu’on sache pourquoi ni ce qu’on en a retenu après…
Une citation m’a particulièrement marqué :
Dry January is coming pic.twitter.com/2MGqu82fko
— nfkb (@nfkb) December 28, 2020
« Checking your likes is the new smoking. »
Boom. Ca m’a fait mal. Je me reconnais très bien là dedans. J’ai activement refusé d’aller sur Instagram parce que ça me semblait être la quintessence d’une vie scénarisée avec course aux likes mais je me comporte exactement comme ça avec un statut Facebook ou un tweet qui me tient à coeur . Plus avec Facebook d’ailleurs car j’y vois les réactions de gens dont je suis proche physiquement.
Ensuite, Cal Newport expose la philosophie du minimalisme digital avec trois grands principes : l’encombrement (clutter) est couteux, optimisation de son utilisation de la technologie (vous devinez que ça me plait) et enfin auto-satisfaction dans l’intention qu’on met (encore un principe de vie qui me plait). La partie sur la baisse du retour sur investissement a été une bonne illustration qui a fait tilt chez moi.
S’en suit un chapitre sur le sevrage. Pour l’auteur, il faut être un peu brutal dans son sevrage. Ca résonne moins avec ma façon d’être, toujours enclin à garder un contrôle, à ajuster les curseurs, je pense que je peux me trouver des règles sans arriver à une rupture franche.
Dans la deuxième partie, il y a de longues et intéressantes discussions sur la nécessité de solitude, de se retrouver seul avec ses pensées, sans interférences extérieures pour pouvoir y mettre de l’ordre soi-même. Ensuite, l’auteur dissèque la nécessité d’avoir des relations sociales de qualité. Il aborde un point très intéressant que je n’avais pas compris : il explique à quel point le « like » est une information pauvre. C’est binaire. Très éloigné de la foule de signaux analogiques que l’on envoie lors d’une vraie conversation. On étudie beaucoup ça en communication thérapeutique, l’importance des signaux non verbaux. On cultive son attention à tous ces petits signes. (a parte, la pratique de la médecine me fait du bien c’est sûr, si j’étais devenu un nerd investi dans un travail ultra-technique je pense que j’aurais été enclin à la l’enfermement et la dépression).
Il y a ensuite la partie que j’ai lu avec le plus de plaisir parce qu’elle m’a fait rêver. Il s’agit d’avoir des loisirs de qualité pour s’éviter de tomber dans la glande facile sur internet. Je ne peux qu’approuver. Ma pratique sportive rigoureuse me donne des buts et une organisation qui m’aide à éviter les pièges à attention des réseaux sociaux. J’ai trouvé particulièrement savoureux le rythme de vie des gens qui atteignent une indépendance financière en vivant frugalement, en économisant un max, en plaçant leur argent, puis à vivre de leurs rentes. Je n’ai creuser ce sujet pour comprendre comment ils arrivent à ça tout en cédant à la pression biologique de la reproduction mais ça serait marrant de fouiner leurs blogs en quête de réponses.
Enfin, le livre se termine en créant un mouvement de résistance aux sociétés qui bouffent notre attention. On peut leur faire un pied de nez en prenant ce qu’il y a de bien sur Twitter, Instagram ou Facebook et en refermant vite nos appareils une fois le « casse » d’informations de valeurs effectué. Commando pour choper ce qui est bon en mode furtif et hop, repliement tactique vers des occupations plus analogiques. Séduisant.
(Hasard ou pas ? Netflix m’a recommandé la suite de leur documentaire sur le minimalisme le jour où j’avais terminé ce bouquin ahaha. Là aussi beaucoup de chose à prendre, ou plutôt dont il faudrait se séparer ;))
PS dans les options de votre téléphone, à combien de pick ups par semaines êtes vous ? Sur iPhone c’est dans réglages, temps d’écran, voir toute l’activité, Activations. Regardez la semaine dernière. Si vous êtes autour de 500 et qu’on considère une nuit de 8h, ça veut dire que vous prenez en main votre téléphone toutes les 12 minutes.
Une réponse sur « Digital Minimalism »
Excellent ! du coup, je suis allé voir dans paramètres et j’ai la possibilité de mettre des minuteurs pour chaque appli (sous android). Je recevrai une alerte si je dépasse le temps fixé