En ce début d’année 2012, je suis parti découvrir l’aviation générale américaine. Pourquoi ? A dire vrai, je ne sais pas vraiment ce qui m’a poussé à faire un si long voyage pour me coller les fesses dans un vieux Cessna 152 ! Si je décortique un peu : l’envie de soleil en hiver, l’envie de découvrir la phraséo US, et l’envie de voler pour un peu moins cher… Tout ça m’a poussé vers San Diego au mois de Janvier. Si je vous avoue vraiment tout, il faut surtout dire qu’il y a des pilotes qui poussent au crime avec de superbes blogs comme celui de Vincent (Du Virtuel au Réel) et feu Euh…. Say Again ? de Fred. Leurs récits m’ont vraiment donné envie d’aller voir ce qui se passait de l’autre côté de l’océan… En bon bizuth, ma préparation a été plus que légère ! Ainsi l’objet de ce post est surtout d’essayer d’optimiser vos préparatifs.
Auteur/autrice : nfkb
Un petit miracle
Un soir de garde comme un autre. Le chirurgien de garde m’appelle pour venir voir une dame âgée aux urgences.
– Qu’est-ce qui se passe ?
– Une patiente de 88 ans, adressée en urgence pour douleur abdominale, c’est pas folichon… viens voir
– ah ?! ok, j’arrive.
Pong
Les blocs opératoires sont régulièrement souillés par des conflits interpersonnels sans intérêt. Ca me choque, j’ai besoin de vous en parler, je repars donc un post brut de décoffrage en mode caliméro.
Appendicectomie à faire en urgence. C’est le matin, tout le monde est frais, easy. Patient de 16 ans, 70 kg, RAS à part appendicitounette (un petit scanner pour irradier à pas cher au passage.)
Vivre. Je suis angoissé par l’idée de vivre une vie vide. Postulat de départ. Alors je m’entraine tout seul dans une course infernale. Des objectifs à court terme, des projets, des fantasmes sur le long terme : je cultive ça à merveille. Parfois le régime s’emballe. Le multitâche a ses limites, des sécurités physiologiques nous rappellent à l’ordre. La fatigue. Je bascule dans une sorte de spleen qui sent le renfermé.
De l’O2 dans le gaz
Mon ami et collègue John Snow a ouvert un blog récemment;
Comme il est plus doué pour raconter ses histoires que pour faire du SEO j’espère lui donner un petit coup de pouce en publiant ce lien
Bonne lecture
Hier garde.
Thème pédiatrie.
Pendant le repas, le vieil interne de chir ped qui prend des astreintes de senior nous appelle pour une gamine à qui il faut réduire une fracture du poignet. Ok, no problemo. Elle est un peu stressée me prévient-il. Soit.
Je monte tranquillement aux urgences en espérant qu’ils aient réussi à lui mettre une voie veineuse pour la soulager. Si c’est le cas, l’anesthésie sera réglée en 5 minutes.
J’arrive dans le couloir des urgences pédiatriques et je découvre une blondinette de 11 ans entourée de parents bécébégés. Atypique dans ce CH où la population est l’une des plus pauvres de France. Ils ont du se perdre… A mon entrée dans la pièce je vois une gamine hurlante, qui se contorsionne sans que j’ai même pu ouvrir la bouche pour en placer une. Une barbie en furie avec un poignet cassé. Bon, mon enthousiasme s’émousse un peu.
Je pars chercher le dossier et je reviens en me concentrant pour faire ma tête-de-gentil-docteur-des-enfants que je ne suis pas. On l’a barbouillée de prilocaïne mais même avec ça je sens que ça ne va pas être commode. Je lui explique gentiment qu’on va l’endormir pour réparer son poignet : elle ne veut pas et se remet à hurler. Je recommence avec des mots différents, si le masque lui fait peur on peut placer une petite-minuscule-riquiqui perfusion grâce à la crème magique : elle se débat et veut partir sans même que je ne la touche. Je lui explique que ça n’est pas marrant de prime abord mais que l’on fera tout pour qu’elle ait le moins mal possible et que dans la vie les bobos c’est ennuyeux mais -un peu fataliste- ça arrive et on peut les réparer… Et là la phrase choc :
« je m’en fous, j’veux pas, je suis une cliente, je fais ce que je veux »
oui, je répète (CTRL-V)
« je m’en fous, j’veux pas, je suis une cliente, je fais ce que je veux »
Loi des séries
aie aie aie
parfois la loi des séries nous en met plein la tronche, hier :
– premier bloc de viscérale : ventilation compliquée + intubation vraiment difficile, technique appropriée -> patient OK
– deuxième bloc d’uro : bronchospasme majeur au réveil, jeune, roux, hyperstressé, pourtant la légende (BMJ) nous dit bien de nous méfier -> réendormi et reextubé sous halogénés
– énième colo : la vache, elle veut pas remonter cette tension, c’est quoi ce bazar !? tiens, regardes le scope :
choc cardiogénique sur thrombose de l’IVA prox (je vous passe la voie centrale à l’arrache qui monte en jug histoire de nous simplifier la vie)
– reprise programmée de chir ortho chez un jeune pour une infection de matériel, je lui mets sa voie centrale en sus-clav comme on aime bien faire maintenant, tout se passe bien… rachianesthésie, ok, démarrage des antibios après prélèvements osseux : réaction anaphylactique sévère -> adré 200 gammas ! Chaud, mais OK.
– la petite dernière de la soirée, Mme pas-de-bol, 49 ans, mort subite sur IDM le matin, récupérée, stent sur diag + kissing balloon sur IVA, refroidie aux USIC… évolution vers un état de choc… discrète errance diagnostique (sic) pour finir au bloc dans la nuit :
merci clopi, merci abcixi, merci Angioseal. (bloc ok, patiente en réa med désormais)
et oui, c’était bien la même journée
Un jour à l’internat miteux du CHU, je vois mes collègues en effervescence autour d’un gars que je ne connais pas. C’est un anesthésiste libéral. Il vient au CHU pour un DU et se replonge le temps d’un repas dans l’ambiance de la grande maison. Il nous raconte son activité et très optimiste (ou drogué) il nous propose de venir le remplacer. WTF !? euh ? nous ? les péquenots d’internes ? Bon d’accord. Ca fait peur mais d’accord. L’attrait de la nouveauté (et des revenus) est trop fort : on fonce !
Non sans avoir vérifié que nous étions aptes sur le plan administratif on se répartit sa semaine de vacances du printemps. Me vl’a donc embarqué pour quelques jours de boulot dans la “grosse clinique locale”. #fear.
Los Angeles by night (2)
Comme promis, voici un peu plus de clichés du vol que j’ai fait en « sac-de-sable » entre Gillespie Field et Van Nuys au nord de Los Angeles.
Vous apprécierez la verticale de Los Angeles International… on voit les « strobes » des liners s’empiler en finale, impressionnant
Les Etats-Unis savent en mettre plein les yeux… je vous passe la Mustang en guise de Crew Car (2h de voiture gratuite pour un plein) à l’arrivée pour aller manger un morceau à l’arrivée…
encore un article où apparait Michael Ristow, c’est bon, très bon. Gardez vos sous pour acheter des baskets les copains !
Antioxidant supplements in exercise: worse than useless?
…courte illustration de l’opulence de l’aviation américaine
Par un bel après-midi de janvier dans la banlieue de San Diego, j’ai été invité à accompagner un jeune pilote qui vole dans le coin pour monter ses heures. La météo est parfaite, wind calm, visi top, blue sky. Prévol : #check. Un petit tour à la pompe pour donner à boire à N757CD, et nous vl’a partis northbound to San Bernardino !
brève de couloir
Ce matin, à mon arrivée dans le service de chirurgie générale, j’entends une aide-soignante tendre un ECG à l’interne de chirurgie. Le super-bizuth frais moulu de l’ECN regarde le papier d’un air embêté et… … son regard s’illumine à mon arrivée. Je le sentais venir gros comme une maison… « tiens montre plutôt ton électro à l’anesthésiste ! »
» – Vous voulez bien regarder ça ?
– C’est quoi ?
– Ben un électro
– De quel patient ?
– c’est mon électro, j’ai eu des palpitations ce week-end (sic)
– ah… bien… mais je ne pense pas que ce soit ni le lieu ni le moment. A mon sens votre médecin traitant me semble la meilleure personne à qui parler de votre problème » dis-je sur un ton plutôt gentil-désolé.
Ouille ouille ouille, que n’avais-je pas dit là ! L’AS-fausse-blonde-rutilante m’a jeté un regard noir d’une violence incroyable. J’ai eu l’impression d’étouffer un bébé chat au milieu d’une classe de CE2.
Bien désolé de cette colère mais résolu j’ai continué le tour avec l’IDE.
30s plus tard je l’aperçois en train de tendre l’ECG (étude en double aveugle) à l’assistant-de-chirurgie-à-qui-je-ne-confierais-pas-un-panaris et je l’entends demander une troponine… oh my god… je m’échappe vite avant de le voir lui proposer un pontage coronaire sur la table de l’office !
Finalement, j’ai été rassuré de la voir quelques heures plus tard fumer ses clopes sur le parking. Elle n’a pas fibrillé, ouf.
J’aime ce site qui fait les calculs et conversion à ma place mais je m’interroge quant à la capacité qu’auront nos enfants à retenir des choses et à savoir faire avec sa tête… Ce temps de cerveau disponible sera-t-il investi dans la créativité et la réflexion ? Je croise les doigts !
Je tenais juste à répéter l’info que @PUautomne a énoncé il y a quelques heures sur Twitter :
« Une petite info pour les D3 et D4, le CNCI a demandé de ne pas mettre de QCM dans les dossiers après l’avoir demandé en mars »
Je suis irrité. Je viens de passer plusieurs jours loin de chez moi pour suivre la troisième session d’un DIU et j’ai l’impression d’avoir perdu mon temps. Je déteste ça.
Dans les blocs opératoires, on utilise tous les jours des drogues hyperpuissantes sans savoir ce que l’on fait, c’est LE drame de l’anesthésie. On se rassure en constatant rapidement un résultat. On met un hypnotique, le patient dort ; on administre un curare : le patient ne bouge plus. Le sujet délicat c’est la gestion de la douleur. Je mets dans les veines de mes patients des morphiniques mais clairement je ne sais pas ce que je fais. C’est inquiétant non ?
Durant mon premier semestre, j’étais perdu. Comme tout le monde, j’ai acheté un ou deux bouquins. On ne connait rien à cette spécialité mystérieuse avant de la pratiquer. Jamais pendant les études de médecine on nous explique l’anesthésie. Dans les manuels, je lis des posologies, et en pratique je vois mes seniors rigoler quand je leur demande la dose qu’il faut mettre : « qsp dodo ! » qu’ils me répondent. Bon, je ne vais pas aller loin avec ça… j’étais désemparé de constater que la pratique anesthésique était à mille lieux d’une discipline que j’aime beaucoup également : l’infectiologie. En matière de traitement anti-infectieux il y une posologie et une durée de traitement à respecter. Point-barre. En anesthésie, c’est l’anarchie.
L’autre truc que je ne comprenais jamais c’était la gestion des réadministrations des morphiniques et cette phrase : « pfiou qu’est-ce qu’il consomme celui là ! » aka « plus t’en mets plus faut en mettre ». Je ne comprenais pas. Aujourd’hui je comprends à peine plus. Les morphiniques sont des drogues hyper compliquées à gérer. Tellement que certains services d’anesthésie belges les utilisent de moins en moins ! (Finalement ce sont nos vieux patrons de chirurgie qui luttaient contre les administrations de morphine en post-op qui avaient raison ! )
Aujourd’hui je me bagarre dans les blocs pour montrer que toutes les réactions du patient ne sont pas de la douleur, il faut serrer les dents et résister à l’angoisse de mal lutter contre la douleur du patient. Difficile. Le patient a des réflexes, depuis des dizaines d’années on enseigne qu’il faut supprimer ces réflexes avec des morphiniques car ce sont des traductions cliniques de douleur. En fait on en sait rien. Il est super fréquent de constater que les réactions hémodynamiques s’estompent d’elles-mêmes sans rien faire. Auparavant on administrait 10 gammas de suf et on pensait que la résolution de la tachycardie était liée à un contrôle de la douleur… c’est l’histoire du Mucomyst qui guérit la bronchite qui guérit toute seule…
Dans notre région nous avons la chance de côtoyer beaucoup de médecins anesthésistes belges au fil de notre formation. Leur parcours est beaucoup plus axé sur l’anesthésiologie, et moins sur la réanimation. J’ai l’impression qu’ils vont plus au fond de leur discipline. Certains patrons belges ont une expertise très forte. C’est le cas de Marc De Kock à propos des morphiniques. Allez l’écouter, c’est passionnant.
http://www.centreaudiovisuel.be/emc/emc/Podcast_interuniversitaires/Podcast_interuniversitaires.html
La période des fêtes est l’occasion d’ouvrir de bonnes bouteilles. J’aime bien faire plaisir à mes papilles et j’adhère (avec modération !) au principe populaire franco-français des bienfaits d’un verre de vin occasionnel.
L’épidémiologie nous enseigne que la consommation d’alcool est parfois associée à un meilleur pronostic cardio-vasculaire mais aussi que le risque de cancer augmente avec la consommation d’alcool. Il n’y a donc aucune possibilité de recommander de boire de l’alcool pour obtenir un quelconque bénéfice en terme de santé. Pourtant, certains auteurs s’y essayent notamment en exacerbant les effets bénéfiques du vin et en cultivant le french paradox. Le NO sauvera-t-il nos artères ?
J’ai voulu savoir quelle était ma consommation d’alcool. Ainsi j’ai noté quotidiennement ma consommation d’alcool pendant l’année 2011. J’aime bien rendre visites à mes amis, je ne rechigne pas à prendre un verre de vin et/ou une bière et en même temps j’ai une tendance à analyser facilement mes comportements alimentaires ce qui peut biaiser le recueil. Disons, que je pense rentrer dans la catégorie des patients qui répondraient volontiers avoir une consommation occasionnelle d’alcool si la question leur était posée.
Verdict : 8,35 g d’alcool par jour en moyenne. Je n’aurais jamais imaginé être si proche que ça d’un verre par jour, surtout avec mes préoccupations sportives… La consommation ponctuelle de 3-4 verres par jour rythmée par les week-ends, est quelque chose qui est classiquement retrouvé dans les modalités de consommation d’alcool des populations les plus jeunes, c’est là que le bât blesse.
Je n’ai pas de conclusion à tirer de cette observation. Ca ne vaut pas grand chose, mais j’ai trouvé ça intéressant à partager.