Je vais arrêter de tenir mon carnet d’entraînement. Oui, j’enterre le logbook que je chérissais tant.
Après Challenge Roth, l’été est vite passé : d’abord du repos sportif, puis les vacances en famille (sans montre de sport ! en réparation). Il n’y a qu’avec la rentrée que je me suis mis à réfléchir à nouveau à mes entraînements, à mes objectifs et ce que je pouvais faire pour y arriver.
Rapidement, j’ai eu le sentiment qu’il fallait que je remonte le volume d’entraînement. Avec mes petits footings cools et mes séance de barbotage-papotage à la piscine je restais sur ma faim et mon cerveau gambergeait. Appréciant sans doute plus que la moyenne la récompense dopaminergique, je cherchais sur le web des trucs à acheter pour calmer mes ruminations, des roues de vélo par exemple. Mais comme mes finances ne permettent pas de réaliser tous mes fantasmes, j’ai choisi de repousser la machine dans les tours pour calmer mes pulsions. Ça a fonctionné. Ça m’a fait un peu mal au cœur de constater que je tombais dans une forme de dépendance, que mon équilibre et mon bien-être dépendaient de flashes d’intensité sportive. Mais je crois qu’il vaut mieux s’accepter et se connaitre plutôt que se voiler la face.
Pour me cadrer mes objectifs, je me suis mis à faire des dizaines de calculs pour cibler une charge d’entrainement quotidienne et aboutir à un chiffre de CTL avant la fin de l’année. Le fantasme (débile) étant de finir l’année en forme pour aborder la saison prochaine plus fort. (On peut discuter le symbole d’une année calendaire dans la continuité du temps.) Par ailleurs, je me sentais bien à pied, j’ai fait des aller-retours au travail à gogo, j’ai à nouveau essayé de cibler le badge « 10 days in a row » de Smashrun (la médaille, encore et toujours hein David ?!). Je tenais bon, j’encaissais. Gratifiant de voir ce qu’un corps entraîné absorbe comme charge d’entraînement avec de la bonne nourriture et du sommeil. Mais c’était sans compter des journées de travail plus chargées et les gardes à enchaîner. Bim, une pharyngite me tombe dessus. Classique à cette période de l’année. Le truc trainouille mais bon gré mal gré ça va. Je fais 250 bornes à vélo comme ça et je ne me sens pas diminué.
Une semaine plus tard, c’est le vrai contrecoup, là grosse angine qui pousse pendant une garde, nuit de merde et fin du running streak.
J’en ai profité pour réfléchir.
Cette cible de charge d’entrainement était un but complètement artificiel. Et si on peut progresser sur des aptitudes sportives d’une année sur l’autre, il faut accepter de perdre pour regagner, on ne peut pas toujours capitaliser et engranger des entrainements pour être toujours plus fort. Il faut des hauts et des bas.
Ainsi, alors que je faisais du prosélytisme pour le suivi de la charge d’entraînement afin de bien gérer son volume et le tapering avant une compétition, j’ai fait exactement l’inverse ici, le logbook m’a poussé à en faire trop et mal.
De plus, en faisant mes calculs, j’ai constaté que la montée de la charge d’entrainement lorsque j’étais guidé par mon coach était théoriquement parfaite. Alors même que je sais qu’il n’aime pas réfléchir avec des chiffres mais préfère de loin les sensations.
Le logbook donne une impression de maîtrise. Pour un control freak c’est de la masturbation intellectuelle pas chère et très gratifiante. Et s’il y a bien du plaisir à pouvoir calculer des stats en un clin d’oeil, il faut aussi mettre en balance le temps passé à rentrer les datas et faire la maintenance de cet énorme tableur. Et avec ce temps, je pourrais faire des choses bien plus utiles pour le sport comme quelques assouplissements ou des exercices de plyométrie. En plus, phénomène vicieux, je pense que je délaissais ce genre de préparation physique (vive la PPG) parce que je ne la loguais pas. Si c’est pas logué ça n’existe pas ! Complètement stupide.
En parallèle, je vais chercher et éliminer les autres pratiques qui me font perdre du temps sans m’apporter concrètement des bénéfices. Je tends vers une logique de simplification. (sujet connexe, les sites web et les réseaux sociaux qui nous connaissent tellement bien qu’ils poussent toujours du contenu qui nous plait, y’a du travail à faire de ce côté là !)
Donc voilà, comme je suis un adepte du changement et des fluctuations dans les habitudes, je vais travailler sans logbook en 2019. juste pour le plaisir des yeux, les sites web comme Veloviewer et Elevate proposent de chouettes choses via les données Strava. Ainsi, je vais soutenir financièrement ces programmeurs, c’est un peu comme payer mon psychothérapeute !
Il y a deux ans je tournais déjà autour de la question dans cette note écrite pour le pilote de Jogging Bonito. Aujourd’hui, je me libère du CTL ! vive le coureur libre !
6 réponses sur « Changement de paradigme / monitoring de la charge d’entrainement »
le mythe s’effondre 🙂
Et dire que je suis à 2 doigts de ne plus mettre de ceinture cardio…
Simplement logguer le nombre d’heures (ou de km si course sur route plate… (?), planifier des blocs de 3 jours ou 3 semaines et du repos. Toujours avoir mes propres consignes d’allure sur le plat, mais utiliser des sensations (vite, très vite, très essoufflé) et couper le sport 2 ou 3 jours pour récupérer et repartir.
Avec ça, plus besoin de CTL ?
disons qu’avec le CTL je fantasmais d’arriver à comprendre les pics de forme, en fait c’était contreproductif puisque ça me poussait à faire du volume en basse saison, c’est surtout ça que j’ai fini par trouver con. Et un peu de relativisation vis à vis de ma volonté de perf
et toi ça va ?
bien merci 🙂
je récupère tranquillement de ma nuit blanche et j’ai réussi à prendre sur moi pour faire une petite coupure…
Plus ça va, moins je crois qu’il existe un indicateur SIMPLE, fiable et objectif du suivi de la forme…
j’ai empilé du rmssd sans rien en tirer. Stravistix ça fait des jolies courbes, mais de là à conclure…
Hello, ça m’intéresse que tu racontes ton expérience plus en détails 🙂
pffff… j’ai un excel rempli de bpm et article en brouillon de puis un an.
Bon il ne dit pas grand chose à part : j’ai empilé des chiffres et des sensations sans jamais faire de lien entre mes « perfs » et les datas.
Savoir que je me couche trop tard, que je mange mal après les grosses séances suffit.
Tu veux faire une perf à l’ecotrail, un marathon ou la saintélyon ? fais des bornes, dors et mange léger :/
On peut discuter le volume pour le plaisir de débattre mais pas le sommeil ! Je ne ressens pas autant l’importance de la nutrition si ça n’est dans l’autre sens : je pense que je fatigue très très vite quand je ne mange pas assez. Toi tu sembles d’écrire l’inverse, quels sont les problèmes que tu as repérés ?