Sur les conseils de Paléophil, j’ai acheté Philosophie Magazine. Non, je ne porte pas encore d’écharpe rouge. Oui, j’ai souri en voyant les pubs dédiées aux enseignants. Toujours est-il que ce mois ci, il y a un très intéressant dossier sur le transhumanisme. Et j’ai réussi à le lire ! (j’ai tout lu deux fois quand même 😉 )
Et ben moi qui n’achète plus de magazine du tout, j’ai trouvé ça agréable de lire sur du papier. Je me suis même dit que s’il y avait un avenir au papier ça serait dans une lecture de luxe. Peut-être qu’Apple va révolutionner un jour le marché de l’information en vendant du papier, qui sait…
Bref. J’ai découvert qu’un petit club d’intellectuels californiens espéraient dépasser la condition humaine. J’ai trouvé que le dossier était particulièrement bien écrit et je vous invite à le lire.
Il y a donc des gens qui prônent un libéralisme poussé à son paroxysme et un individualisme encore plus exacerbé qu’aujourd’hui (oui, oui c’est possible)
Et tout ceci sera merveilleux parce que nous serons complètement relié aux machines.
Il y a deux éléments de réflexion qui m’ont plu dans ce que j’ai pu comprendre des libertariens-transhumanistes :
- La « démocratie » actuelle ne leur plait pas. La verticalité de l’Etat apporte son lot de contraintes et quand on y regarde de près, ça ne fonctionne pas si bien que ça…
- Ils proposent un avenir optimiste. Ils ont foi dans des lendemains qui chantent.
Hormis ça, je ne suis pas du tout séduit par le concept et je me sens complètement synchro avec les doutes de l’auteur de l’article. Ces gens qui pensent que l’on peut vivre sans Etat vivent vraisemblablement dans leur cocon parfait de californiens parfaits. En sortant un peu de chez soi, on peut malheureusement constater les dégâts de la pauvreté et des lacunes éducatives. Ils n’ont certainement jamais été vraiment malades pour croire que l’hyperindividualisme nous permettra d’aller plus loin et établir en paradigme que la compassion est une perte de temps…
Ensuite, je n’ai pas vraiment de connaissances sur la biologie du cerveau, mais pour modifier presque tous les jours l’état de conscience de mes contemporains, je me rends bien compte que le vivant ne réagit pas toujours de façon prévisible et que les interactions entre les gens et à l’intérieur des gens sont d’une complexité inextricable, et oui je crois que tout est en influence réciproque permanente. La conscience n’est donc pas qu’un réseau cablé très complexe que plus de puissance de calcul nous aidera à démêler… enfin je crois.
Imaginer l’avenir ça peut être marrant, mais n’oubliez pas le présent. Good night !
P.S. du lendemain je viens de regarder le film Her. C’est beau et ça remue la cervelle…
5 réponses sur « Transhumanisme dans Philosophie Magazine »
Lorsque je lis ce genre de chose, ça me fait revenir en mémoire du Alan Watts. (1969)
Quelques copicollages d’un chapitre
C’est une version « sectaire » du transhumanisme qui est décrite là. Effectivement il y a un noyau à l’ouest des USA qui y voit une alternative aux modes de gouvernement actuels. Je ne vois pas vraiment le lien, si ce n’est que ces gens sont opposés à l’état, qui un courant assez prégnant.
Le transhumanisme c’est avant tout l’amélioration du corps humain par la technologie. Au sens strict, quand l’orthopédiste pose une PTG, c’est le premier niveau de transhumanisme. L’idée bien sûr n’est pas de se contenter de palier les défaillances du corps, mais également ses déficiences constitutives en améliorant l’existant. D’une certaine façon, les lames que porte Oscar Pistorius en sont un exemple, bien qu’elles soient amovibles. Actuellement ça reste assez limité à l’aspect mécanique, puisqu’on n’a pas de vraie interface cérébrale. Ca va arriver ceci dit, puisqu’il existe déjà des prothèses oculaires. Et là c’est simple d’aller plus loin: au lieu de se contenter de capter la lumière dans le spectre qui est visible habituellement, il suffit de la capter également dans les infra-rouges, et tu as un individu qui a une vision nocturne. C’est du transhumanisme, et ça pose une question éthique lourde: est-il raisonnable de se lancer dans une chirurgie potentiellement dangereuse, et sacrifier un œil sain, pour le remplacer par un œil certes plus performant? Plus loin, il est déjà imaginé de greffer les prothèses de membres supérieurs qui semblent être en train de faire des percées en termes de sensibilité, de précision et de contrôle, et pas uniquement à des personnes handicapées (pour lesquelles aucune question ne se pose) mais également pour des personnes qui en auraient l’utilité, souvent professionnelle. La question suivante est alors de réserver de fait des professions aux personnes modifiées (si un employeur a des travailleurs modifiés adaptés à une activité donnée, il sera bien compliqué pour un candidat non modifié de se faire embaucher). Bref, ça pose déjà un grand nombre de questions, avant même de s’intéresser à ce sous-groupe assez caricatural, qui a tout d’un épouvantail. On pourrait continuer sur le risque de piratage de ces systèmes lorsqu’ils sont électroniques, ce qui est le cas de la plupart des idées envisagées, ou, plus intéressant, le risque de contrôle des individus, par l’intermédiaire de leurs améliorations, par les gouvernements! Ce qui ne devrait pas plaire à nos libéraux.
Je réponds tout ça parce que j’ai été très surpris en lisant ton post d’y voir une association qui apparait constitutionnelle entre transhumanisme et libéralisme (au sens individualisme égoïste).
Pour la blague, le premier transhumaniste c’était Wolverine!
Hello,
dans le dossier, ils expliquent bien les courants de pensées influençant le transhumanisme : Leibniz, Proudhon, Descartes (oui oui), Auguste Comte, etc. Il existe bien un courant de pensée qui prone une individualité et une liberté totale. Ces libertariens (avec l’exemple du livre clé d’Ayn Rand) seraient liés au transhumanisme en revendiquant par exemple le droit de faire complètement ce que l’on veut de son corps et de son esprit. Ainsi des entrepreneurs comme Bezos (Amzn) ou Wales (Wikipedia) sont fortement associés à ce genre d’idées.
Je me suis un peu focalisé sur ce point parce que dans tous le dossier qui s’intitule « Liberté Inégalité immortalité » perce cette notion de Far West technologique avec cette envie d’aller beaucoup plus loin que ce qui apparaitrait pour eux comme de la bobologie dans les exemples que tu cites.
A plus !
P.S. cétipa relou de causer d’un truc « papier » danscet univers où l’on aimerait accéder à l’article en un clic ? 😉
[…] Ils me font marrer (un peu jaune) les défenseurs des bonnes valeurs familiales qui défilaient Dimanche dernier, à croire que le passé peut être une valeur éternelle. La révolution du quantified self, qui dans un double mouvement va nous permettre de beaucoup mieux comprendre comment notre organisme fonctionne pour mieux s’en affranchir. C’est de toute façon ce que nous faisons depuis que notre espèce existe, va tout dynamiter, reproduction, sexualité, identité et ne j’aborde même pas la question de l’accroissement de la longévité. Il y a un dossier sympa sur la Silicon Valley dans Philosophie Magazine de ce mois où on parle de transhumanisme et de libertariens, et de comment Apple, Google et autres vont transformer toute l’économie occidentale. Et même si le journaliste a une bonne dose de scepticisme, je ne vois pas comment l’approche du corps machine est évitable ni pourquoi elle serait fausse. Commentaire de l’article par Nfkb0 ici. […]
[…] une question aux chroniqueurs de mon émission préférée : Studio 404. La question portait sur le transhumanisme. J’ai demandé s’ils craignaient ce phénomène. La réponse a été claire : le […]