Après le descriptif de Smashrun.com, je vais vous causer de Training Peaks (TP). C’est probablement le site anglo-saxon le plus prisé des sportifs à haut niveau d’entrainement comme les triathlètes. TP permet en effet de lister toutes vos activités sportives et se montre particulièrement attentif à la course à pied, le vélo et la natation. Il y a pour moi trois points forts qui pousse à se tourner vers TP : leur analyse des entrainements avec la quantification de la charge (score TSS), la clarté de l’interface (en pratique la béta est stable -on n’est pas chez Garmin-) et la possibilité de planifier l’entrainement à long terme et de souscrire à des plans personnalisés avec suivi (payant en sus de l’abonnement)
J’ai d’abord eu du mal à comprendre le Training Stress Score (TSS) de TP. Ce score quantifie la difficulté d’un entrainement. Pour ce faire il faut déterminer son allure ou sa puissance au seuil. TP fera ensuite le ratio entre votre allure pendant votre entrainement et votre allure au seuil et en déduit un coefficient d’intensité IF = intensity factor. En rapportant ce coefficient à la durée de l’entrainement on obtient un score TSS. Notez que TP corrige discrètement votre allure moyenne d’entrainement pour en faire une allure « normalisée ». On ne sait pas quels calculs se cachent derrière ce « lissage ». Le site TP explique juste qu’il s’agit d’idéaliser votre allure durant votre entrainement. TP gomme ainsi les petites variations pour essayer d’estimer ce que serait votre allure dans un monde où l’effort serait constant. Les pages d’aide du site expliquent qu’il s’agit de comprendre la physiologie de l’effort et d’en traduire votre vrai effort moyen. (Ce concept trouve son essence dans l’analyse de la puissance en cyclisme qui est beaucoup plus variable qu’une allure en course à pied.)
Malgré plusieurs notes sur leur blog je ne comprenais pas comment calculer ou extrapoler l’allure au seuil (functional threshold). Je ne comprenais pas s’il s’agissait du premier ou du deuxième seuil ventilatoire. Il s’agit en fait grosso modo de l’allure au deuxième seuil ventilatoire, ce qui correspond à votre allure semi-marathon. Une des difficultés de la quantification régulière des entrainements et qu’il faut réévaluer périodiquement son allure au seuil. Ce genre d’exercice n’est pas toujours facile à caser et encore moins agréable à réaliser.
Quelques repères pour le score TSS : une heure équivaut maximum à un score de 100 points. Pour moi 30 minutes de footing cool ça fait environ 40, un très gros entrainement monte à 120 TSS. Je me suis aussi amusé à rapporter les scores TSS à l’heure. Un entrainement léger fait un score de 40 TSS/h tandis qu’une course à composante anaérobie monte à 130 TSS/h. Je bricole les données mais finalement je trouve ça un peu nébuleux... et lorsque je compare avec d’autres indices persos ou issus d’autres sites, c’est souvent le score TSS qui est en désaccord avec mon ressenti, surtout sur les sorties aux extrêmes de mes stats (les plus courtes ou les plus intenses.)
Toujours est-il que TP a un gros point fort : c’est son fameux Performance Manager Chart (PMC). TP agrège vos scores TSS pour calculer un score de charge chronique (CTL = chronic training load). En comparant ce score à la charge aigüe (ATL) TP vous propose d’évaluer votre état de forme avec un indice qu’ils appellent TSB (training stress balance). Et ça ça m’a bluffé ! J’ai remonté le temps sur une année et j’ai clairement vu les zones molles à l’entrainement auto-géré et les progrès engendrés par un entrainement construit avec des périodes de repos relatif appropriées avant les compétitions. TP a clairement réussi à construire un superbe outil. L’intérêt du truc est double selon moi : visualiser les bénéfices d’un entrainement chargé avec une CTL qui monte et renforcer l’adhérence au tapering en voyant le TSB devenir propice à la performance.
Voici mon PMC sur une période d’un an. Pour moi on voit clairement que la première partie de 2013 a été assez plate, propice au maintien de la forme sans réel progrès. Ensuite j’ai démarré mon plan marathon en juillet pour aboutir en septembre (croissance de la courbe bleue) Relâche après le marathon puis reprise d’un plan d’entrainement en janvier 2014 pour aboutir le 2 mars 2014 au 10 km de Fleurbaix.
Zoom sur la période la plus récente où l’on voit la charge d’entrainement monter régulièrement et la bonne période de relâche avant le 10 km (2 mars) suivi d’une reprise forte de l’activité :
En pointillé il s’agit de l’évolution des courbes sans nouvelle activité.
J’envoie les activités de Garmin Connect vers TP grâce au super outil Tapiriik. TP a aussi son propre logiciel pour envoyer de votre montre vers TP. Malheureusement ça ne fonctionne qu’en USB et ça ne fonctionne pas avec Suunto.
Je n’ai pas testé le coaching en ligne mais c’est clairement le coeur de cible de TP : offrir à des coaches des clients et offrir à des sportifs des plan d’entrainement avec des possibilité de suivi sur le long terme. Si vous rentrez dans un plan d’entrainement à long terme avec 1 ou 2 objectifs prioritaires dans l’année et que votre coach exploite bien TP, le suivi de vos progrès sera bien mis en valeur et vous encouragera.
Il y a aussi la possibilité de surveiller son état d’esprit, son sommeil et son alimentation mais là on ne s’en sort plus à mon sens…
Le contact de l’aide en ligne est plutôt bon mais c’est surtout formel, poli et évasif. Mes demandes n’ont pas reçu beaucoup d’échos…
Ma conclusion est que le site fournit des outils de qualité et c’est super solide, à l’américaine. Le bémol c’est le coût de 129 $ par an. C’est quand même cher ! Surtout que des concurrents comme SportTracks.mobi sont en train de se rapprocher sérieusement pour un coût trois fois moindre. Pour moi TP est donc à réserver aux triathlètes très sérieux pratiquant le coaching à distance. Je me suis émerveillé devant tous les graphiques et les possibilités de jauger les progrès mais je ne me suis pas concrètement approprié d’indicateur impactant ma préparation. Je ne pense pas que je reprendrai d’abonnement TP l’année prochaine.
P.S. je suis en train de lire un livre de Joe Friel sur l’entrainement. Joe Friel est le créateur de TP. Clairement lorsque l’on rentre dans sa logique et/ou si l’on a vocation à entrainer des athlètes et/ou à se créer son plan d’entrainement sur une longue période, TP peut être un super outil. On peut aussi rentrer des TSS estimés d’entraînements à venir pour bien visualiser les effets d’une période de relâche pour être optimal lors d’une compétition.
3 réponses sur « Les sites web d’analyse de l’entrainement sportif 2/3 »
[…] un autre registre, la collecte de badges Smashrun me pousse parfois à faire le petit kilomètre en plus où à me mettre dehors alors que je suis […]
bonjour.
quellse valeurs cible peut-on envisager pour TSB?
merci!
Bonjour,
j’imagine que vous parlez le jour d’une compèt (ou la veille c’est kif kif) ?
Au fil des dernières années, j’ai bien recueilli ces datas, vous trouverez un lien vers une feuille de calcul à la fin de court billet : http://www.nfkb0.com/2017/06/12/preparation-des-competitions/
Pour ma part, je pense que 20-25 de TSB correspond à un bon tapering. Mais pour en avoir beaucoup discuté, notamment avec un champion que j’estime, le tapering c’est le truc le plus difficile à régler, même avec de l’expérience.