Tous les voyants n’étaient pas au vert. Je le sentais. Comme quoi, le gut feeling ou la sensation bidale (c) Jaddo c’est pas du chiqué. Des soucis de sommeil, la chaleur, le capteur de puissance en panne, la VMA en berne, des petits cailloux dans mes chaussures. C’est embêtant les petits cailloux.
J’ai bien essayé de positiver : de jolis chronos en piscine en fin de préparation sans forcer, pas de grosse caisse à vélo mais une bonne régularité dans l’effort dans mes dernières sorties et un volume d’entraînement conséquent dans les dernières semaines grâce aux vacances (et à Patrick qui m’a motivé pour faire du fartlek en chassant les segments !). J’arrive à Gérardmer avec un CTL (estimé) aux alentours de 82 et un TSB à 28. Somme toute assez correct par rapport à mes autres courses (en 2015 c’est par içi).
Cette année, je ne me suis pas vraiment fixé d’objectif de rang A. Je la vois comme une année de transition et de consolidation. C’est un peu chiant mais je pense que c’est nécessaire et 2015 avait été chargée. Je me rends compte quand même que ça me manque de ne pas avoir eu un gros défi, le RVV en était il vraiment un ? Je sais au fond de moi qu’il me manquait quelque chose ou plutôt quelqu’un au Ronde… bref, je n’étais pas trop organisé cette année en matière de planning et je profite encore d’un lendemain de garde pour me rendre à Gérardmer.
Le vendredi matin, c’est le sprint avant l’heure : transmissions, fixie à donf jusqu’à l’école pour la rentrée, courses de dernière minute, finir le paquetage, démonter le vélo, ouf je suis à l’heure et miracle, je n’ai rien oublié (en tout cas j’ai pris ce que j’avais prévu !). La route avec Antoine P. est un plaisir. Nous arrivons dans un bon créneau horaire pour déposer les vélos et profiter de la super orga de Gérardmer et de sa pasta party qui ressemble à vrai repas (miracle !!!). Je suis détendu.
Je profite du rythme de mes copains plus expérimentés, les affaires sont préparées en temps et en heure. Ah tiens, encore un petit caillou : ma cale de chaussure gauche a perdu une vis, ça bouge.
Le sommeil n’est pas méga-top, je dois penser à mieux gérer ma literie d’avant course, à Obernai j’ai eu le même soucis. Petit-déj ok, je n’ai pas trop faim contrairement à d’habitude. Nous partons tôt pour finir de préparer le vélo dans le parc. Je me décide pour monter les chaussures directement sur le vélo, encouragés par mes copains, mon stage de juillet et ma cale à géométrie variable ! L’attente est relax. Vers 9h, nous nous rapprochons du lac. Je sens Antoine P. qui se concentre, c’est un autre monde le haut-niveau…
Moi je glisse dans la flotte, l’eau est superbe : douce, transparente, c’est magnifique, je passerais bien une heure à nager, là, à la cool ! Rapidement, la masse d’athlètes qui vont et viennent me rappellent qu’une course va avoir lieu, je me faufile jusqu’à ce que j’espère être un coin tranquille.
Une bonne partie des compétiteurs s’avancent dans l’eau. Tant mieux, je prendrais (ptêt) moins baffes.
BOUM ! le départ est lancé. Ca part super vite. Ils sont déjà très loin mais je n’échappe pas à la machine à laver. Mon cap est hésitant, je prends beaucoup de gnons et je n’arrive pas à trouver mon slot et mon rythme, c’est vraiment la bagarre. A la bouée, c’est encore pire. Ensuite, il y a une sortie à l’australienne qui se fait attendre, je n’arrive pas à la voir, trop de remous dans ma face. Ah ! enfin ! ouhla, les cailloux, aie aie aie ! Après la sortie, je prends l’extérieur et je me fais bien plus plaisir jusqu’à l’arrivée. Natation un peu chaotique mais efficace, j’entends le speaker annoncer les chronos, je suis très surpris, j’aurais nagé à une allure de 1:43/1:44 aux 100 m. Jamais été si vite !
La transition est assez longue. C’est bondé, je me change dans l’herbe, je ne cafouille pas trop mais le cerveau et le souffle sont en difficulté, j’ai quand même bien donné sur la première partie ! Je trouve mon vélo et je file. Je réussis ma transition chaussures déjà montées, j’aime !
Tous les concurrents sont à donf dans ces premiers km en faux plat descendants. Un copain me passe amicalement, ça fait plaisir de le voir dans cette cohue ! Et bim, ça tourne et ça grimpe, j’étais prévenu ! Je suis un peu en difficulté, je ne me remets pas de ma natation. Un copain, puis un autre me passe. Je suis étonné d’avoir nagé plus vite qu’eux ! Ensuite, je me fais un grosse frayeur dans la première descente. Je manque de confiance dans cet exercice et je suis mauvais, faut bien le dire. Je fais quelques kilomètres extrêmement crispés. Ca regrimpe, puis ça redescend, là je sens encore des mauvais appuis dans les virages. Je m’arrête au pied d’une nouvelle montée : crevé !
je suis presque content de vivre une crevaison, je voulais me confronter à ça en course. Je me surprends à être calme et à tout régler en 8 minutes ce qui me semble correct pour un bizuth pas doué en mécanique (notez que je n’ai jamais crevé en 10 000 km d’entraînement avec les copains.)
Je repars et je finis mon premier tour dans l’allure prévue + l’arrêt au stand. Comme je n’ai pas de puissance affichée, je gère à la vitesse et à la FC, c’est moins précis lors des montées modérées (2 à 4%) je peine souvent à afficher la vitesse recommandée par BBS. Je poursuis l’effort, pas de bon ni mauvais ressenti. Et pshiiiiit j’entends la crevaison cette fois ci. Quasiment au même endroit. Là ça devient la poisse, surtout que je n’ai pas prévu deux chambres à air en bon nioub. Là, j’oublie le chrono. Je me pose calmement pour coller une rustine. Ça me coûte 20 minutes ce coup ci, le trou était tout petit, pas facile à trouver. Je repars. Je n’ai plus le couteau entre les dents. Fait positif : je descends un peu mieux, mon regard se pose plus loin, mes trajectoires sont meilleures.
Je démarre le troisième tour avec des compétiteurs un peu en dessous de mon niveau. Je ne fais que doubler, c’est bon pour le moral. J’encourage beaucoup, je le suis peu. C’est pas grave, Dieu me le rendra ! ou pas ! Nouvelle crevaison dans la grosse montée du début du troisième tour. C’est ma rustine qui ne tient pas. Ça devient compliqué. Les spectateurs sont vraiment sympas et à ce stade j’accepte un coup de main pour une troisième réparation. Et je repars !
L’allure est plus tranquille, je ne m’endors pas mais je n’ai plus de compétiteurs pour me tirer autour de moi. J’avance. Le soleil commence à taper. J’ai l’impression de passer une éternité sur le vélo. Ça n’est pas bon pour le gouverneur central de rallonger d’une heure le temps prévu…
Et soudain, nouveau drame : dans les 6 derniers km de descente, je chasse de la roue arrière. C’est à nouveau dégonflé. Je remets un coup de pompe en espérant tenir. 500 m plus loin, je suis à plat. En mode guerrier, je démonte pour la quatrième fois. Encore une fuite autour des rustines, j’en remets une mais ça devient n’importe quoi… d’ailleurs ma chambre refusera de se gonfler. La descente est raide jusqu’à Gérardmer, il reste 3 à 4 km. C’est fichu. Je pense aux copains qui m’attendront beaucoup trop longtemps si je poursuis, j’entends le speaker qui enchaine les annonces d’arrivées. Je suis amer, je décide de bâcher. J’imagine la même déroute après des mois de préparation pour un Ironman. Il va falloir réfléchir pour éviter ça.
Je rentre à pied au parc et je rends mon dossard. Je me sens presque en forme. Pas de crampes contrairement à Obernai, je pense que j’aurais pu faire un temps honorable à pied. Je relativise, et j’essaye de tirer des leçons de tout ça. Les copains ont globalement bien gazé, Antoine visait un top 10 mais ses jambes ont refusé dans le dernier tour, il aurait du prendre mon jus de betterave* 😉
Damn it !
P.S. Triathlon magnifique, superbe orga, parcours vélo difficile (à pied je ne sais pas), bien placé dans le calendrier, je vous le conseille vivement ! Quant à moi, j’ai encore appris pleins de choses et surtout qu’il fallait partir avec deux chambres et des pneus quasi-neufs +++
*le lien vers Michele Ferrari = ;+) ;+) ;+)
7 réponses sur « Triathlon de Gérardmer 2016 : le bizuthage »
Et bien on peut dire que tu n’as vraiment pas eu de bol sur ce coup là !
Le gars qui me prépare mon vélo me met du liquide anticrevaison qu’il mélange avec un autre truc (je ne sais plus quoi, je lui laisse la mécanique, j’ai déjà suffisamment à gérer 🙂 ). Bon, ok, je n’ai jamais crevé, mais d’après lui, les autres gars qui ont crevé n’ont pas été emmerdés.
C’est quoi la prochaine échéance ?
oh que oui mais des erreurs aussi : qu’une seule chambre et des pneus limites… Mais c’est une magnifique course, si tu sors des courses label, je te la conseille +++
Mais comment faire rentrer le jus de betterave dans la chambre à air ?
c’est ça le bizuthage !
Dur, j’avais pas compris que c’était sur un triathlon que t’avais crevé, je te plains ! Ne pas finir une course c’est le pire truc qui puisse arriver je crois. C’est ce qui me rebute dans la pratique sportive du vélo, la dépendance au matériel (entretien, logistique, défaillance du matos).
le pire c’est de finir dans un grand sac noir (y’a des compétiteurs qui descendent comme des malades et un gars a fini coquillé)
Autant habituellement l’aspect matériel/logistique me plaît (cf retex ultra-trail) autant là j’ai vraiment pris conscience que ça pouvait finir en cercle vicieux ct’affaire. Un autre collègue du club a bêtement eu un de ses portes bidons qui s’est dévissé lors de l’Embrunman et le truc l’a gêné pendant un long long long moment de course, ça doit être affreux aussi ça.
Bref, une part de moi est de plus en plus attiré par une vision du monde plus minimaliste mais faut d’abord que j’aille au bout de ce que je veux faire dans ce sport.
Bravo Rémi,
Je crois que le plus dur est de savoir renoncer plutôt que de s’acharner et finir encore plus écœuré. Et visiblement, ca voulait pas cette partie vélo, c’est dommage pour toi.
Au moins, tu as pu assister à l’arrivée des potes de clubs (hormis les fusées).
bonne continuation.