Je viens de finir la lecture d’Alcool, vin et santé écrit par Michel de Lorgeril, médecin cardiologue, et Patricia Salen, diététicienne.
J’étais très enthousiaste avant d’ouvrir le livre connaissant la plume acerbe et la connaissance du sujet de Michel de Lorgeril. Je suis déçu. Ce thème polémique est vulgarisé à l’extrême, j’espérais un bouquin plus solide où les références seraient mieux reliées aux propos et un peu moins partisanes.
Le propos du livre est assez prosélyte quant à une consommation modérée (20g par jour = 1 à 2 verres standards) d’alcool et plus spécifiquement de vin. Evidemment l’accent est mis sur le bénéfice cardio-vasculaire connu et je trouve que les auteurs passent trop vite sur la problématique de la séparation de l’analyse de l’éthanol en soit de la consommation de vin intégrée dans un mode de vie méditerranéen et/ou associée à un milieu socio-économique plus favorisé. J’espèrais que les auteurs démêlent cet imbroglio, j’irai voir ailleurs.
Ceci dit, voilà ce que je retiens sur ce thème :
- la diabolisation d’une pratique culturelle ancienne et raisonnable n’a pas de sens (thème à rapprocher de la diminution de l’exposition solaire avec la phobie du mélanome)
- l’alcool en lui même, consommé faiblement, peut avoir un intérêt pour la santé cardio-vasculaire (interaction avec le métabolisme des oméga-3, activité des paraoxonases améliorée, préconditionnement ischémique, action sur le système nerveux autonome)
- il faut vraiment insister sur la consommation modérée sans exception ponctuelle, une consommation ponctuelle de plus de 5 verres fait perdre le bénéfice cardio-vasculaire : Irregular heavy drinking occasions and risk of ischemic heart disease: a systematic review and meta-analysis.
- il ne faut pas oublier que l’alcool a une influence sur la pression artérielle et peut contribuer à majorer ce facteur de risque cardio-vasculaire
- il ne faut pas oublier que l’alcool peut être impliqué dans l’oncogénèse. L’INCa recommande d’ailleurs d’éviter la consommation d’alcool dans le cadre de la prévention des cancers.
- la consommation modérée de vin est probablement encore plus intéressante lorsqu’elle s’intègre à un régime méditerranéen, riche en fruits et légumes et en huile d’olive.
- je pense qu’il faut différencier la consommation d’alcool (surtout le vin) pendant le repas versus seul
- on trouve énormément de polyphénols dans d’autres boissons comme le thé et dans les fruits et légumes, la solution est probablement plus par ici…
A quand des extraits de polyphénols pour nos patients ? Les vitamines et les oligo-éléments ne constituent probablement que la partie émergée de l’iceberg représentant les intérêt des fruits et légumes dans notre alimentation.
Une petite série d’articles par ici.
UPDATE : une méta-analyse récente du BMJ.
P.P.S un super billet sur éthanol et rein chez la Perruche
5 réponses sur « Alcool, vin et santé de Michel de Lorgeril »
Juste une question, est ce que les auteurs déclarent leurs conflits d’intérêts éventuels avec l’industrie vinicole ou alcoolique?
mouhahaha, je l’attendais celle ci !
Dans un autre ouvrage il dit que non, pas de relation avec un éventuel syndicat vinicole ou autre… mais dans ce livre à proprement parler je ne l’ai pas lu explicitement.
En cherchant je suis tombé sur un billet de M de Lorgeril de 2009 assez acerbe sur l’INCa… je ne sais vraiment pas ce qu’il faut penser de ces médecins qui « se lèvent un peu seuls contre tous »… http://goo.gl/EEe1w
Question logique en ces temps d’obsession. J’ai l’impression que le bon docteur de Lorgeril n’a pas beaucoup pratiqué la médecine et vue des patients alcooliques. Osez dire que l’alcool, en gros, ne pose aucun problème que c’est une manipulation des hygiénistes…
Je trouve ça limite très limite.
Il faut dire que tenir en France un discours anti-alcoolique est impossible tant le lobby est puissant.
oh là oui, tu prêches un convaincu (boulot en ORL et carcino de l’oesophage…) Le Nord Pas de Calais est très loin du régime méditerranéen… et de la modération…
[…] de boire de l’alcool pour obtenir un quelconque bénéfice en terme de santé. Pourtant, certains auteurs s’y essayent notamment en exacerbant les effets bénéfiques du vin et en cultivant le french paradox. Le NO […]