Provoc à deux balles.
Je suis actuellement dans la dernière ligne droite de la préparation d’un marathon. Si tout se passe bien, je vais m’aligner dimanche prochain sur la ligne de départ du Marathon du Mont Saint Michel. L’objectif est de relier Cancale à la presqu’île en évitant de perdre une jambe ou du myocarde en cours de route.
Quel est l’intérêt de courir pendant 4 heures ? J’ai quelques idées sur la question, mais je préfère répondre à chaud, après la course si je suis encore apte à taper sur un clavier.
Pourquoi cet appétit d’efforts ? Pourquoi ce déglinguage en règle des articulations à courir 50 kilomètres par semaine ? Je ne sais pas trop. Toujours est-il que je m’auto-saisis (c’est à la mode dans les débats cette expression ridicule) pour réfléchir sur le sujet.
En fait, au cours de ma préparation, j’ai monté assez fortement le niveau de l’entraînement guidé par un professionnel de l’endurance. En accumulant les kilomètres, magie de l’adaptation physiologique, je suis arrivé à courir de plus en plus vite. Désormais, mes petites mitochondries sont au taquet, mes GLUT 4 se multiplient comme des petits pains et ma lipoprotéine lipase carbure plus qu’auparavant. Ok ? mais pourquoi faire ? Pour aller flirter avec ses limites ? On sait pourtant bien que c’est dangereux de jouer avec le feu non ? Et ce qui devait arriver arriva : le bobo. Il y a de ça un mois des douleurs importantes sont apparues, gênant l’entrainement avec en prime une grande confusion mentale.
Tous les dingues qui passent leur temps à courir rencontrent cet écueil : la blessure. Je crois que la grande majorité des sportifs cherchent à se faire plaisir en pratiquant leur activité favorite, mais pourquoi diable tous les coureurs vont vers la lésion articulaire, musculaire ou ostéo-ligamentaire ? Pourquoi recherchons-nous sans cesse la performance dans ce qui devrait être une activité de loisir ?
Je ne sais pas d’où vient cette ambivalence (détente/performance) qui nous condamne à toujours essayer d’aller plus loin. Pourquoi veut-on faire un meilleur chrono ? Nous sommes tous différents, avec des possibilités d’entrainements et une physiologie unique, pourquoi cette compétition perpétuelle pour faire mieux que son voisin, son collègue ou ses potes d’entrainement ? Est-ce la testostérone qui guide toute cette animalité ? Est-ce notre culture ou notre société qui encensent toujours plus la performance ? Pourquoi est-ce que le simple fait de se faire plaisir dans une activité sportive est systématiquement dévalorisé ? Pourquoi est-ce que personne ne croit dans le milieu du sport à la maxime de Coubertin ? Je n’en sais rien. J’ouvre juste une petite fenêtre de réflexion dans cette période sportive de ma vie.
Pas mal de questions et pas beaucoup de réflexion, billet de sportif 😉
P.S. heureusement pour moi ma mécanique récupère de ce que je lui ai infligé. Grâce aux conseils de mon entraineur, mon ostéopathe et à la demi-tonne d’onguents divers que j’ai appliqués, je cours mieux, avec plaisir : ouf !
20 réponses sur « Les sportifs sont des cons »
Depuis tout petit on apprend qu’être meilleur que l’autre c’est bien, voilà d’où ça vient. C’est très con, ça tue l’esprit collaboratif, ça stimule l’esprit de compétition alors que notre seule force en tant qu’animal est notre sociabilité associée à un cerveau plus développé.
Tant qu’on inculquera au petit garçon des trucs débiles à deux balles de macho, on sera confronté à cette obsession de la performance, ça retentit ensuite sur l’activité pro, je fais plus de consult, je fais plus de ceci plus de cela, seul le nombre compte l’aspect qualitatif et on perd la notion de plaisir. Le seul plaisir devenant toujours plus pour être devant.
Ce sera ce qui nous perdra, toujours plus vite, plus haut, plus fort, plus sale, plus de pollution, plus gros, plus de sexe, plus de tout et on se noiera dans le plus.
Je fais mon autocritique puisque je suis ce que certains appellent de façon débile un compétiteur né. On m’a façonné comme ça, depuis 10 ans j’essaye de me désintoxiquer.
nous faisons écho à nouveau 🙂 J’ai parfois l’impression de vivre aussi ce que tu décris. La mauvaise face de cette compétition perpétuelle c’est de trouver comment re-développer le travail collaboratif en valorisant tout un chacun, j’ai un peu trouvé ça dans le sport d’équipe comme le vol relatif où tous les équipiers doivent battre le mouvement au même pouls. http://goo.gl/8hhf6
Par ailleurs comment prendre le contre-pied des nouveaux profiteurs, las de cette compétition perpétuelle qui au contraire laissent tout couler, profitent des sécurité du systèmes en se reposant sur autrui ou sur plus tard ?
On s’éloigne un peu du débat initial, on est toujours un peu le con d’un autre, je réfléchis à tout ça et encore une fois j’ai l’impression qu’on loupe quelque chose à l’école et que l’égo est un sacré piège.
Je découvre ton billet en rentrant de 3h de marche au pas de gymnastique (17,5 kms). =)
Pour moi, on a besoin de se connaître, et cette connaissance passe par la rencontre de notre point de rupture, au moins une fois. Ca peut être une blessure, ça peut être vomir après un effort trop violent, ça peut être la détresse mentale… Personnellement, ma vraie découverte de moi-même dans l’effort a été la crampe au 36e kilo du marathon (le bas du faux plat montant à l’entrée du bois de Boulogne…) et les 6 derniers au mental, où chaque foulée est une épreuve, où tout se rétrécit et s’amplifie, où plus rien ne compte que les 50 prochains centimètres.
Ce n’est pas l’esprit de compétition ou l’envie d’écraser l’autre : c’est juste vouloir être ce qu’on peut être – et même un peu plus.
je comprends ça. moi aussi j’ai envie d’apprendre un nouveau truc tous les jours, et apprendre sur soi-même est une priorité trop négligé. Le sport permet un peu ça. Mais finalement pas tant que ça au regard de ce que pourrais faire l’entraînement de l’esprit. Entraînement dont on ne parle jamais, encore moins à l’école (bis).
Avoue qu’une fois que l’on a touché un but, lorsque l’on atteint un palier, on a envie de plus. On a envie de rejoindre les autres qui s’amusent sur le palier du dessus. On a envie de faire partie des leurs, de rejoindre une nouvelle tribut. Je comprends un peu ça aussi.
Et puis je te connais un peu, quand tu pratiquais la compétition à un haut niveau, as tu toujours sauté dans l’objectif de faire le meilleur saut que tu puisses faire ou surtout un meilleur saut que l’autre équipe ?
Super Daddy Craig dit qu’après tant de combats, il a juste appris à aimer la bagarre du sport et plus forcément la victoire. Quand on a tout gagné, le sport reprend probablement une autre dimension.
La bisette.
Très sincèrement, mon objectif en équipe a toujours été de faire le meilleur saut qu’on puisse faire. Notre pire ennemi était nous-mêmes – et on n’a pas toujours gagné… Si on faisait un saut à 100% et qu’une autre équipe nous battait, on n’avait aucun regret : c’est juste qu’ils étaient meilleurs. Si on faisait un saut à 60% et qu’on battait une équipe qui avait foiré le sien, on n’était pas vraiment satisfaits.
Mes paliers en sport individuel ont toujours été des défis personnels, pas une jalousie des autres (même si il peut y avoir une émulation).
sans forcément voir de la jalousie partout, je dirais que l’émulation est souvent présente. Et moi je ressens la présence des autres malgré ce que je comprends et ce que j’ai envie de revendiquer. J’ai toujours cette part du compétiteur qui me dit au minimum : « si j’arrive là, je serai comme lui, on sera du même monde » Je n’arrive pas à me détacher ça, alors que j’arrive de plus en plus facilement à me détacher de l’égo, d’un moi idéal qui est un leurre.
C’est pour ça que je parle d’ambivalence. Au fond je sais bien que tout le monde s’en fout du résultat d’untel ou d’untel. Tout comme dans les conversations de comptoirs qui amènent à causer des faits et gestes de truc ou de bidule, au final/au fond, on s’en fout vraiment, mais ça fait l’actualité quotidienne du bistrot. Nous essayons de vivre notre vie sans être influencé par ce qu’en pensent les autres, mais moi je ne suis pas arrivé à la maturité où je ne pressens pas la vision des autres sur mes actes.
Dans le management d’une situation j’essaye de me mettre à la place des autres pour limiter la casse pour tout le monde, pour être consensuel. Alors que parfois (souvent ? ) un gestionnaire de problème comme le sont parfois les médecins, devrait juste mettre en priorité à 100 % le patient et faire fi de la contingence et des possibilités des uns ou des autres. Encore une fois, le regard ou les pensées des autres m’importent, peut être à tort.
J’aime bien cette réflexion car j’essaye de me sortir de cette ornière. On parle de sport individuel et je continue de prendre une position intégrée dans une société, amusant non ? Tout cela est d’autant plus paradoxal que je sais à travers mes meilleurs moments sportifs que l’on donne le meilleur de soi même quand il n’y a plus de réflexion. Quand l’instinct prime, quand l’esprit est libre de toute réflexion que l’on joue. On rentre alors dans une sorte de flux qui nous emmène vers des choses que l’on ne se serait pas cru capable de faire et là c’est magique !
http://sportmental.blog.lemonde.fr/2011/05/22/quand-la-relation-au-sport-devient-pathologique-et-vous-comment-pratiquez-vous/
Amusant que les billets se télescopent comme ça ! C’est vrai que l’addiction est endémique chez les sportifs. Histoire de neuro-transmetteurs ? Peut-être ?!
De mon côté, j’ai un peu hâte d’être libéré du giron de l’entrainement, j’ai plein d’autres choses à faire dans ma course en avant 😉
Ceci dit elle est un peu ambivalente cette sensation post-course, un peu comme après un concours universitaire où l’on se demande de quoi sa vie va être rempli maintenant que l’on a tourné une page, ça peut être vécu comme angoissant. Il faut donc savoir se préparer a ça aussi en se réservant la possibilité de savourer le repos du guerrier !
T’as fait combien de km aujourd’hui ?
Zéro, mais je me rattrape demain à vélo =)
Commentaire un peu tardif, mais en te lisant, je voudrais te faire partager ma toute petite expérience du sport.
On ne peut vraiment pas dire que je sois un fou d’endurance ni de compétition. A l’adolescence, j’ai pratiqué des sports collectifs, histoire de me bouger un peu, mais ça ne me plaisait pas, car paradoxalement je trouvais qu’il y avait trop d’individualités dans les équipes où je jouais pour y trouver du plaisir.
Puis j’ai cherché un sport qui me plairait et en plus ne me demanderait pas trop d’efforts, et découvert la plongée il y a quelques années, avec cette sensation de totale apesanteur, et surtout de respiration sub-aquatique (par définition !). Beaucoup de préparation en amont, malgré tout (gestion des tables, endurance en piscine, apnée, réactions aux problèmes sous l’eau, etc…). J’ai pris vraiment beaucoup de plaisir à en faire (j’adore nager), mais pour le moment je ne peux plus.
Là où je veux en venir, c’est que j’ai découvert l’aïkido il y a 2 ans. L’aikido, c’est de l’anti-sport. L’aikido, c’est la réponse à : « mais comment faire du sport sans s’en rendre compte ? »
Mettons les choses au clair tout de suite : l’aikido N’EST PAS un sport, ni même un art martial. C’est un art de la paix (sans sonne un peu peace & love, mais c’est l’esprit !).
J’ai retrouvé ce vieux reportage, qui a presque 1/2 siècle, mais qui est toujours d’actualité, et qui t’expliquera mieux que moi : http://www.ina.fr/sport/autres-sports/video/CPF04007420/aikido.fr.html
Quelques précisions cependant : de nos jours, les fédérations de judo et d’aikido son séparées (il y a même plusieurs fédération d’aikido maintenant, j’y reviendrai).
En aikido, on ne recherche jamais la performance, ni la compétition. On respecte un certain protocole (tenue, saluts, etc…), puis on essaie de reproduire des mouvements que le maître nous montre, toujours dans un schéma -à première vue- d' »attaque-défense ».
En réalité, celui qui est en face de toi n’est pas ton ennemi, c’est un partenaire, c’est à dire que sans lui, tu ne pourrais pas pratiquer l’aikido, il est là pour te faire progresser, au même titre que tu es là pour le faire progresser lui. En t’attaquant, il va devoir trouver le bon équilibre entre ne pas résister, mais ne pas céder, et toi, en réalisant le geste, tu vas l’aider à se détendre et à l’étirer. En fait c’est aussi valable pour le sport en général : sans équipe adverse, des rugbymen ne pourraient pas disputer un match.
On dit que l’aikido est un sport de défense, mais c’est partiellement faux : tu peux provoquer une attaque, ou plutôt une « réaction » grâce à un tout petit geste, de sorte que c’est toi qui as la maîtrise de l’attaque de bout en bout. On ne va jamais à l’encontre de l’attaque, mais au contraire, on va dans le sens du mouvement que donne l’attaquant, on lui fait rencontrer le vide et on cherche son déséquilibre. On utilise en fait, je pense, l’énergie cinétique et la force centripète. Dans le reportage, il est dit que l’on tourne autour de l’attaquant, mais en fait c’est lui qui tourne autour de nous.
Le corollaire de cette notion de non-performance, c’est qu’il n’y a pas de compétitions en aikido, pas de titre, ni médaille, ni classement, ni victoire, ni défaite. Le « combat » se termine en réalité au moment où il commence.
Il y a une vingtaine d’années, au moment où la fédération d’aikido s’est séparée de celle de judo, il y a eu une scission entre ceux qui en gros voulaient en faire un sport, et ceux qui voulaient rester dans l’esprit traditionnel. Dans certaines écoles, il existe donc maintenant des sessions de passage de grade, ou de dan, je ne sais pas, sur 1 ou 2 cours, comme un examen, ce qui va à l’encontre de l’esprit de non-performance. Dans d’autres écoles, il n’y a pas de grades ni de dan. Si tu es assidu, sérieux et que tu comptes continuer l’aikido, le maître t’offre simplement le hakama (le tablier noir), qui contrairement à ce qui est dit dans le reportage, n’est pas là pour cacher le mouvement des jambes, mais est la tenue traditionnelle. Et tu continues alors à progresser personnellement et à faire progresser tes partenaires sans esprit de compétition.
P.S : merci et bravo pour ton blog.
Merci pour ton très intéressant témoignage et tes encouragements.
Il m’intéresse d’autant plus qu’après une vision très analytique des différents paramètres dans le sport, je comprends toute l’importance du mental. Je sais que c’est majeur. Je sais qu’il faut apprendre à se connaître. Mais je sais aussi qu’il faut désormais cesser des vélléités pour vraiment se mettre à pratiquer la méditation et travailler sur son esprit.
See you on #T 🙂
[…] félicite, elle m’annonce mon temps officiel : 3h39 et 23 secondes ! je suis super content ! quelle connerie cette symbolique des chiffres ronds mais ça me tient à coeur ! youhou !! ! Victoire ! Coup de fil […]
Je profite d’une journée un peu calme au bureau pour me mettre à jour dans ma lecture de ton blog (dans mes favoris) et viens de tomber sur ce billet très intéressant. Pour ma part, j’ai une expérience un peu différente. Elle a commencé comme ce que tu décris (donc pas un truc de testostérone, chez les filles aussi dès toutes petites la compète fait rage). Enfant et ado j’étais très sportive. D’abord l’équitation, jusqu’à mes 14-15 ans c’était la folie d’enchaîner toujours plus de concours et toujours gagner, gagner, gagner. A 15 ans j’ai réalisé que je n’en tirais plus du tout le plaisir vrai de ce sport : l’amitié avec le cheval, la nature, etc. J’ai arrêté la compèt et suis passée à l’équitation de loisir (balades et randonnées).
C’est à cette époque là que j’ai commencé la course à pied, un tel plaisir qu’à 22 ans je suis même allée jusqu’au semi-marathon, le seul et unique de ma vie car ensuite j’ai démarré une polyarthrite.
C’est con hein ? Aujourd’hui je continue à courir, je me fais souvent violence à cause de la douleur et dois me pousser mentalement pour tenir bon, pour finir ce dernier petit km… et je me fais régulièrement engueuler par le kiné, le rhumato… Ma motivation en réalité est simple : je refuse catégoriquement et en bloc que cette saloperie m’empêche de vivre ma vie comme moi je l’entends, mais surtout je refuse de me laisser aller sous prétexte que. Et puis il y a des Alors je m’adapte bien sûr, je ne me pousse pas non plus dans les limites du déraisonnable – la semaine prochaine je vais courir ma première course depuis 4 ans, 5 km, oh c’est rien – enfin jadis ce n’était rien – mais pour moi, terminer cette course avec un bon chrono sera une vraie victoire. Mon prochain défi ? 10 km en janvier 2012. Je ne sais pas si je peux le faire, je ne sais pas si c’est sain de le faire, mais j’ai besoin de le faire, pour me prouver que la vie continue et qu’elle continue presque comme avant. On verra. Enfin voilà, je ne suis depuis longtemps plus en compétition par rapport aux autres, mais bel et bien par rapport à moi-même. Et dans ces conditions, gagner 6 minutes au chrono c’est plus symbolique qu’autre chose. Si je peux faire ça, alors au quotidien, au boulot, etc, rien n’est plus insurmontable. Là on est à 500% dans le mental…
Donc bon, continue à ton rythme et dans les limites entre ce que ton corps peut et ce que ton mental veut. 🙂 Et encore merci pour ton blog, c’est toujours un plaisir de te lire ! 🙂
Hello, bravo pour votre combat ! Je connais très mal la rhumato mais j’imagine assez bien que l’activité sportive peut avoir des côtés bénéfiques. Par ailleurs les conseils alimentaires qui vont de pair avec l’activité sportive peuvent être bénéfique dans les pathologies inflammatoires (Omega 3). Bon entrainement !
Merci beaucoup pour les encouragements ! 😉 Oui l’activité sportive fait partie intégrante de la thérapie pour « tenter de freiner la progression des lésions articulaires », mais la course à pied ne fait pas l’unanimité auprès des rhumatos, et encore moins à la cadence d’enfer que je m’impose (d’où les engueulades ;)) Mais quand on a jadis pu courir 21 km, c’est tellement… frustrant de se sentir, ou du moins de se croire, limitée. En tous les cas, pense bien à moi vendredi prochain, te tiendrai au courant ( ce n’est pas impossible que je te contacte dans la semaine, je vais peut-être avoir une traduction un peu tordue qui pourrait nécessiter tes lumières – si tu te rappelles de moi bien sûr ;). Encore merci et bon week-end – et bon entraînement à toi !
[…] est un peu absurde non ? Je sais déjà que le sportif n’est pas vraiment rationnel (voir ici et là et je me rattrape là) mais quand même faudrait pas voir à pousser mémé dans les […]
[…] blessures chez le sportif sont monnaie courante. J’ai compris il y a quelques temps qu’il était normal de rencontrer des embûches au fil des entraînements. Je pense aussi […]
Salut je tombe sur ce post en lien avec le post sur la polarisation. Comme pour tout bon post, les commentaires amènent un éclairage complémentaire et intéressant. Alors qu’est-ce que je peux amener à l’édifice avec quelques années de retard ?
Je vais prendre l’axe de la compétition avec une lecture paléo (au sens évolution)
Personnellement je pense que compétition et coopération et collaboration sont indissolubles et caractéristiques du vivant, de la colonie de bactérie à nous. J’ai aussi longtemps pensé que la compétition était un truc culturel, bien imbibé que j’étais de la pensé psychanalytique, « the blank slate » dont parle Pinker.
Mais mon cul, si j’ose dire. Là où Freud avait raison est que la compétition pour l’accès à la sexualité (enfin, en fait, à la reproduction) est aussi consubstantielle à la vie. J’ai percuté là dessus en lisant un livre de Pascal Picq, le paléo-anthropologue, où il parle du dimorphisme sexuel et de comment le fonctionnement sexuel d’une espèce (mono ou polygamie par exemple) va influencer les différences physiques entre le male et la femelle. Si vous voulez tous savoir sur la sexualité comparée des autres grands primates et des humains … c’est passionnant, parfois hilarant et bien destructeur d’égo :-).
Alors si cela s’exprime dans notre morphologie, ce serait étonnant que ce ne soit pas câblé dans un recoin du cerveau. Donc oui il y a du bonheur et du plaisir à gagner, même si c’est une médaille qu’on se donne à soi, ce qui est le cas pour 99,999 % des sportifs amateurs.
Je pense aussi qu’il y a un plaisir intrinsèque à « se dépasser », essayer de faire des trucs qu’on pense ne pas être capable de faire et y arriver. Et le sport est une forme tout à fait « civilisée » de ce sentiment (le concours de médecine aussi :-)), nos ancêtres avaient des enjeux sans commune mesure : échapper à un prédateur ou à un ennemi, ça fait du bien quand on se rend compte qu’on y arrive … et ça permet de survivre, accessoirement.
Comment on fait rentrer la coopération dans l’équation ? Là encore tout le vivant fonctionne dans cette ambivalence. J’ai besoin d’accéder à des ressources pour vivre et me reproduire, et je vais me battre pour y avoir accès et/ou protéger ce que j’ai … mais si en parallèle je m’associe avec d’autres, le tout est supérieur à la somme des parties, et nous maximisons tous notre probabilité d’atteindre nos objectifs. Homme, singe, fourmi … cellule … sont des systèmes complexes qui arrivent à s’optimiser en fonctionnant dans des réseaux de contraintes qui peuvent elle-même contradictoires entre elles.
Bon en fait je n’ai pas parlé de sport du tout. Mais j’ai adoré ce matin me faire mes 12 fois 100 mètres à fond, sentir que le corps fonctionne et arrive à produire l’effort que je lui demande … En fait c’est juste le sentiment d’être vivant. Nettement plus qu’en passant 8 heures le cul sur une chaise à discuter de code informatique 🙂
Bonjour, Merci pour tous ces articles, une mine d’or à ciel ouvert, le savoir ne vaut que s’ il est partagé. Pour l’ esprit de compétition, c’est dans notre ADN, une variante ou un dérivé de la sélection naturelle. Il ne faut pas trop chercher à refaire l humanité parfois. Ce que je sais, c’est qu en compétition on fait la synthèse de tout, les entraînements, le mental les potes que l on revoit pour défier l ennemi ensemble, cet ennemi c’est nous c’est la performance que l’on obtiendrait pas à l’ entraînement. Et puis le règne de la quantité existe (cf René guenon). Et après ? Se faire mal pour arriver au bout, qui a dit que le bonheur était seulement du plaisir? C’est est aussi et avant tout des convictions des choses auxquelles on croit et qui se payent chères. Le cerveau, la folie la psychologie la psychiatrie. .. un professeur s’est suicidé de la pire des manières dans son bureau à l’ aphm. Que dire face à cela! Perso , je me dis y a rien à comprendre quand tu es heureux et que tu avance c’est bien quand tu vas bien dans dans ta tête même si tu as mal c’est que ce n’est rien ou pas grave. Petite pensée que ma inspiré votre billet. Bien à vous
[…] Le sportif est vraiment con, c’est bien, et je suis dubitatif devant ce résultat. J’ai l’impression que c’est sous-payé. […]